À l’heure d’Alma #6

 « À l’heure d’Alma » est une chronique web qui partage une discussion enrichissante entre Arte-Fac et un acteur du campus d’Alma venu visiter une de nos expositions. Deux questions lui sont posées : qu’est-ce que tu vois ? Qu’est-ce que l’œuvre te fait ressentir ?

Jeudi 04 mai, 18h30.

Par le biais de microscopes, d’IRM ou autres appareils spécialisés, scientifiques et médecins capturent quotidiennement l’infiniment petit, invisible à l’œil nu.

De janvier à mars 2023, un concours a été organisé sur le campus de l’UCLouvain Woluwe afin de récolter les créations scientifico-artistiques des membres de la communauté. Une mise en valeur des travaux scientifiques selon un angle moins conventionnel, une invitation à dévoiler la facette artistique insoupçonnée de la science et à révéler la beauté, la poésie et le mystère des images capturées au quotidien.

Plus d’une centaine d’images scientifiques et médicales ont été proposées. Un comité en a retenu une quarantaine qui constitue l’exposition « Micro-Art » présentée à Arte-Fac durant tout le mois de mai.

À l’occasion du vernissage, Arte-Fac a rencontré Caroline Bouzin, logisticienne de recherche en chef au sein de l’IREC sur le campus de l’UCLouvain Bruxelles Woluwe et co-organisatrice de l’exposition. 

Bien que choisir une œuvre parmi toutes celles exposées, magnifiques chacune à leur manière, se révéla difficile, l’image  « Ceci n’est pas un poumon » de Catalina Deschrevel a tout  particulièrement suscité l’intérêt de la chercheuse. Elle nous explique pourquoi.

Ici, ce que je vois, ce sont des poumons, comme l’évoque le titre, même si je sais qu’en réalité ce ne sont pas des poumons. Anatomiquement, ça y ressemble. Dans les ramifications rouges, j’ai l’impression de voir des racines qui sont perdues dans cet univers vert qui m’évoque une forêt, avec les racines qui sont imbriquées dedans. 

Scientifiquement, j’aurais dit que c’est un poumon mais en fait c’est du foie, qui est imagé en trois dimensions avec une technologie qu’on utilise depuis assez peu de temps. C’est un petit challenge technique supplémentaire de parvenir à voir à travers un organe. Il faut savoir qu’un organe n’est pas spontanément transparent, particulièrement le foie. Parvenir à obtenir une transparence de cette façon, au point de voir tous les vaisseaux jusqu’au plus profond du cœur, c’est un beau challenge.

J’aime beaucoup la symétrie de l’œuvre. Je pense que c’était recherché. J’aime également cette ouverture avec ces ramifications qui partent vers l’extérieur. L’œuvre est très harmonieuse. Quelque chose de bien organisé. De plus, esthétiquement, l’image est bien proportionnée.

Je trouve que c’est un exercice formidable d’essayer de découvrir ce que l’on voit et puis regarder ce que c’est en réalité. Il y a parfois un contraste très surprenant. Ce n’est pas toujours facile à découvrir. Je pense qu’un novice pourrait voir dans ces images scientifiques un peu de Van Gogh ou un autre artiste alors qu’un scientifique va identifier plutôt une tumeur ou le type de cellule. Je trouve cela fabuleux de pouvoir avoir des regards complètement différents sur une même image.

Et vous, qu’est-ce que l’exposition vous a fait ressentir ? Partagez avec nous en commentaire vos impressions et vos réflexions.